La foire aux plantules de rocailles « Mode d’emploi »

1- Donner la préférence aux plantes de rocaille, mais on peut apporter aussi d’autres vivaces et des espèces décoratives. Les plantes en coussinet, les endémiques, les formes curieuses ou rares seront les bienvenues et très recherchées par les visiteurs.

2- Les sajistes qui apporteront les plantes sont invités à les étiqueter individuellement. La couleur choisie pour l’étiquette d’identification est le blanc. Eviter le vert, le rouge et le jaune, ces teintes sont réservées aux contre-étiquettes de valeur qui seront piqués dans les godets par les responsables. La liste des plantes offertes devra être adressée 15 jours avant la date de la Foire pour prévoir le nombre de tables, leur répartition, etc

3- La livraison des plantules peut se faire la veille, en respectant les horaires donnés et le jour même, le matin très tôt, avant 8h30. L’accès est réservé aux Sociétaires de la SAJA avec toutefois la possibilité d’adhérer sur place.

4- La première heure est réserver aux sajistes pour le choix des plantes, (généralement de 9h00 à 10h00), ensuite la foire ouvre à tout public

Tout ira pour le mieux si nous nous conformons à ces quelques règles indispensables. 


A prèsent , il y a une Foire aux Plantules chaque année en alternance Paris et Province.

En 2024 elle aura lieu le dimanche 2 juin au Parc Floral de Paris.

En 2019 elle a eu lieu au jardin alpin du Lautaret, en 2020 au jardin botanique de Paris (Parc Floral), en 2021 au jardin botanique de Caen, en 2022 au jardin botanique de Paris (Parc Floral)

Visite du jardin de Marc et Florence Bouillon

Nous étions une dizaine ce 29 octobre à visiter le jardin de Marc et Florence Bouillon à Saint-Rémy les Chevreuse.

Trés loin des jardins de rocailles, nos pas nous emportaient dans une collection de bambous (considéré comme le pire ennemi de la rocaille !)

Créé en 1995 sur une surface de 1200 m2, ce jardin posséde aujourd’hui 100 espèces et cultivars de bambous répartis en 10 genres. D’autres plantes exotiques viennent agrémenter l’ensemble.

L’entrée de la maison est couvert par un superbe rosier liane le: Rosa banksiae, planté près du mur plusieurs palmiers nord américains: Sabal minor et Rhapidophyllum hystrix ce dernier est le plus rustique des palmiers, il supporte des froids de -20° sans protection.
Derrière la maison un massif  de géants:  un jeune plant de Triarrhena lutarioriparia, poaceae du Tibet, elle peut atteindre 7 m de haut et devenir envahissante, juste à côté une araliacae de Taïwan leTetrapanax papyrifera ‘Rex’ aux feuilles gigantesques, la forme ‘Rex’ est plus rustique que l’espèce type que l’on trouve en Bretagne et dans certains jardins de la côte d’Azur. Cette araliaceée  fleurit en hiver, mais comme nous l’indique Florence et Marc, ici avec les hivers la floraison avorte, c’est une plante  facile à multiplier par ses rejets.

Plus loin un bambou intéressant car non traçant et idéal pour les petits jardins le Fargesia robusta.

Sur notre gauche un Eucalyptus gunnii  dont la base est envahie par une surperbe grimpante trop méconnue l’Aristolochia sempervirens, cette plante originaire du bassin  méditérrannéen posséde de petites fleurs marron à l’extérieur jaune strié à l’intérieur. Elle se montre bien rustique sous le climat de Paris. Au détour d’une allée il n’est pas rare de découvrir plusieurs érables japonais plantés en pots, en cette fin d’octobre ils ne passent pas inaperçus avec leur feuillage rouge, jaune et orange.

En continuant vers le fond du jardin nous croisons un Schefflera macrophylla, encore une araliacée asiatique au feuillage extraordinaire, elle est à protéger en hiver. Si la flore asiatique est bien représentée, Marc et Florence posséde égalemement nombre de végétaux originaires du Chili, pays qu’ils visitent tous les ans, j’en citerais quelqu’uns: Pitavia punctata, rutacée endémique,  Gunnera tinctoriasouvent confondue avec Gunnera manicata du Brésil, différents Nothofagus dont  dombeyi, antartica etobliqua arbres très proche de nos Fagus et évidemement les bambous du Chili les Chusquea dont certaines espèces sont grimpantes comme Chusquea valdiviensis qui peut atteindre jusqu’à 25/30 m dans son aire d’origine, ici il peut- être endommagé lors d’hiver rigoureux, puis la fougère Blechnum tabulareaux frondes d’ 1m de long dans de bonnes conditions.

En continuant nous découvrons d’Asie un  Chimonobambusa tumidissinoda avec l’âge ses chaumes deviennent presque jaune-orangé et un Fargesia macclureana rapporté en Europe en 1999 du Tibet.

Un très bel et rare arbuste nous attends, le X Gordlinia grandiflora, hybride entre Franklinia alatamhaet un Gordonia. Aux portes du potager un petitEucalyptus archeri endémique de Tasmanie, il est considérer comme bien rustique et le rare Emmenopteris henryi à la floraison caprisieuse, en Europe  le premier à fleurit en 1971 à la Villa Taranto en Italie, en France c’est en 2012 chez Maurice Laurent célébre collectionneur de Viburnum.

La  place me manque pour énumérer l’ensemble de cette collection. Ce qui surprend le plus le visiteur, c’est l’aménagement du jardin, beaucoup de petites allées coincées entre des touffes de bambous, ces derniers restant bien à leur place, en effet l’astuce créée par Marc et Florence, planter les bambous sur des massifs surélevés, il suffit tout simplement de couper les turions dès leur apparition !

Merci à Florence et Marc pour cette promenade pleine de conseils, d’astuces et de découvertes botaniques.

Bruno Boff

Séjour en Slovénie

Plantes de basse et haute altitude dans l’Himalaya

Cet article, issu de la traduction par Alain Denis, d’un texte original de Martin Walsh, paru en 3 parties dans les bulletins N°247, 248, 249

D’après le texte original de la conférence de Martin Walsh « High & low in the Himalaya » à l’occasion de la 8ème Conférence Internationale de Jardins de Rocaille de Nottingham en avril 2011 et publié par l’AGS.

Martin Walsh et moi-même avons participé en juin 2009 à une expédition de 4 semaines dans le nord-ouest du Yunnan. Lorsque je lui ai proposé de publier des traductions de ses expéditions il m’a immédiatement dit oui, en me disant : « je serais très honoré d’être publié en français, tu peux reprendre l’article de ma conférence à Nottingham en 2011, je t’enverrai des photos différentes de celles publiées par l’AGS». J’espère convaincre Martin de m’autoriser à publier en français un compte rendu sur l’une de ses dernières expéditions dans l’Arunachal Pradesh ou au Bhoutan et non publiées par une autre société botanique.

Dans cet article, ci-dessous, Martin Walsh examine la richesse de la flore montagnarde de l’Himalaya qu’il connait bien pour avoir participé à de très nombreuses expéditions ou pour en avoir dirigées au Bhoutan notamment, au Sikkim, au Népal ou dans l’Arunachal Pradesh au nord-est de l’Inde.

« Qu’il s’agisse d’un paysage spectaculaire, d’une remarquable flore variée ou de faune, sans oublier les diverses cultures, peu d’endroits, s’il en est, peuvent supporter la comparaison avec l’Himalaya. C’est après tout le plus grand système montagneux de la planète et cette région ne comprend pas seulement le plus haut et le troisième plus haut sommet du monde – le Mont Everest et le Kanchenjunga – mais elle compte également plus de 30 sommets au-dessus de 7620 m ainsi que l’un des plus profonds canyons au monde, les Gorges de la Kali Gandaki dans le centre du Népal.

Cette vaste chaine montagneuse s’étend sur quelques 2500 km du nord-ouest au sud-est, à travers le Pakistan, divers états indiens incluant le Sikkim et l’Arunachal Pradesh, ainsi que le Népal, le Bhoutan et une partie du Tibet (Xizang). Tandis que l’Himalaya est considéré comme faisant partie d’un système montagneux beaucoup plus grand incluant l’Hindu-Kush et le Karakoram, il est communément défini comme l’aire comprise entre la rivière Indus à l’ouest et la rivière Brahmapoutre à l’est.

Les Gorges de la Kali Gandaki au Nepal
  Les Gorges de la Kali Gandaki au Nepal – photo : Martin Walsh

Comme on pourrait s’y attendre, la flore n’est pas seulement extrêmement riche mais elle est aussi extraordinairement diverse, passant de la flore subtropicale à la flore alpine et souvent sur une distance relativement courte, ce qui en fait encore l’une des plus passionnantes mais aussi l’une des plus stimulantes à étudier. Dans des endroits comme la vallée de la Marsyandi dans le Népal central, il est possible de démarrer une expédition dans une zone de flore subtropicale et, en l’espace de quelques jours de marche vous vous retrouvez au beau milieu des alpines au Thorung La à environ 5400 m d’altitude. La richesse de cette flore est largement due à la grande variation climatique mais aussi à la longue histoire et à la topographie conduisant à l’isolement et à l’endémisme. Evidemment, l’Himalaya est affecté par les moussons à des degrés variables avec les régions les plus humides au Sikkim, au Bhoutan et au Népal. D’autre part l’Himalaya tibétain ne reçoit que partiellement la mousson avec beaucoup de zones protégées des pluies.

Les zones dont nous discuterons dans cet article comprennent la vallée de la Marsyandi au Népal central, la vallée de Kangshung au sud-est du Tibet, la zone du Kanchenjunga à l’ouest du Sikkim, la région de Kinnaur dans l’Himachal Pradesh ainsi que les parties de l’ouest, du centre et de l’est du
Bhoutan que j’ai toutes visitées au cours des dix dernières années. Bien que ces zones aient été largement botanisées tout au long des deux derniers siècles, et en particulier par Joseph Dalton Hooker, Frank Ludlow et George Sherriff, Alexander Frederick Wollaston, Oleg Polunin et Adam Stainton et bien d’autres, de nouvelles espèces continuent d’être découvertes de nos jours.

Dans la zone subtropicale, la vie des plantes est probablement une des plus exubérante avec un nombre immense d’espèces différentes – dont la plupart ne sont pas familières à ceux qui jardinent sous un climat tempéré – qui comprennent un grand nombre d’espèces d’arbres et arbustes à feuilles persistantes et caduques, de plantes grimpantes et d’épiphytes, mais qui, il faut bien l’admettre, n’intéresseraient que peu le rocailleur moyen.

Cependant, dans les parties plus basses (2000 – 2700 m) de la zone tempérée, il y a un nombre surprenant d’espèces qui devraient plaire, y compris diverses gesnériacées telles que Didymocarpus podocarpus, Chirita lachenensis et Corallodiscus x bhutanicus etc., qui poussent toutes sur des rochers humides couverts de mousse.

Les plantes de sous-bois

Les forêts à l’est de l’Himalaya sont parmi les forêts tempérées les plus riches en espèces du monde tandis que les forêts les mieux préservées de tout l’Himalaya se trouvent au Bhoutan où elles couvrent encore 70 % du pays. Ces forêts sont le royaume d’une étonnante profusion de plantes dont beaucoup sont extrêmement valables au jardin comme Roscoea bhutanica, Streptopus simplex, Buddleja colvilei, Magnolia globosa et encore bien d’autres. Il est alors surprenant que certains considèrent qu’il faut supporter cette région pour trouver ce qui est intéressant beaucoup plus haut.
Les Arisaemas sont un élément courant de la flore de base en particulier dans les forêts de brume au-dessus de 3000 m et l’un des plus communs d’entre eux, et sans aucun doute, l’une des espèces les plus variables est Arisaema propinquum. La variation la plus évidente est la couleur de la spathe qui peut aller du noir violacé au vert jaunâtre et plus typiquement le brun violacé. Les Arisaemas sont communément appelés « lis cobra », et peut-être que l’espèce qui ressemble le plus au reptile est A. griffittii dont la spathe se rabat sur elle-même ce qui lui fait deux grands lobes en forme d’oreilles.


Tandis que de nombreux jardiniers sont plutôt familiers avec les Maianthemum racemosa (anciennement Smilacina), très cultivés et  fortement parfumés, ses équivalents himalayens sont moins courants mais tout aussi désirables. Le meilleur d’entre eux, est Maianthemum oleraceum var. acuminatum, qui au Bhutan dépasse souvent 1,20 m et possède de grandes fleurs terminales paniculées allant du rose pâle au rouge vineux foncé et même blanc pour la variété oleraceumRoscoea bhutanica aux fleurs violet pourpre est l’une des espèces les plus robustes que l’on peut trouver dans les forêts himalayennes. Ce proche parent des gingembres a été décrit comme nouvelle espèce en 2000 sur la base de matériel d’herbier ainsi que d’après des plantes cultivées au Jardin Botanique Royal d’Edinbourg dont des graines avaient été collectées par David Long et Ian Sinclair à l’occasion de leur expédition au Bhoutan en 1984.

Les bulbes

Comme on pourrait s’y attendre, l’éventail des plantes bulbeuses que l’on rencontre dans la région de l’Himalaya est significatif et comprend les genres Iris, Fritillaria, Allium, Lloydia, Notholirion, Lilium, etc. Parmi ceux-ci, les lis sont mes favoris avec des espèces de premier plan poussant ici,
comprenant l’une des espèces les plus distinctes de tous les lis : Lilium nepalense aux grandes fleurs jaune pâle en forme d’entonnoir, tachetées de grenat foncé à l’intérieur. On trouve souvent ce lis poussant sur le bord des routes dans le centre du Népal à une altitude incroyablement basse de 2430 mètres.

Autre lis remarquable également, L. sherriffae possède des fleurs rouge foncé en forme de cloches à damiers d’or à l’intérieur. C’est une espèce relativement rare, seulement connue dans quelques endroits du Népal et du Bhoutan. L’auteur ainsi que les autres membres de l’expédition de 2008 au Bhoutan central ont redécouvert cette espèce juste à quelques kilomètres au nord de l’endroit où Ludlow et Sherriff la trouvèrent la première fois en 1949. Elle poussait sur une pente sableuse couverte d’herbe dans une forêt de sapins à environ 3600 m d’altitude. Pas de modestes associés pour ce lis qui poussait parmi des plantes aussi désirables que Meconopsis bellaPrimula umbratilis ainsi que trois espèces différentes de Cypripedium. Deux années plus tard, plusieurs membres de cette même expédition retournèrent au Bhoutan central et découvrirent une population de bonne taille près de Maroothang, une localité qui n’avait pas été répertoriée auparavant.

Exceptionnellement toutes les fleurs étaient roses, une couleur jusque-là inconnue. L’une des très rares fritillaires rencontrées dans l’Himalaya est Fritillaria delavayi, une plante relativement petite avec comparativement une grande fleur teintée de rouge à l’intérieur. C’est la seule fritillaire de cette région qui pousse dans des éboulis instables et le plus souvent elle est difficile à trouver à cause de son camouflage, la couleur brune de ses fleurs se confondant avec les rochers.

Les orchidées

Alors qu’il y a des centaines d’espèces d’orchidées dans l’Himalaya dont beaucoup sont épiphytes, ce sont les orchidées terrestres qui attirent le plus les jardiniers d’alpines. Les plus spectaculaires parmi elles sont les sabots de Vénus. On rencontre régulièrement Cypripedium himalaicum dans l’Himalaya bhoutanais tandis que C. tibeticum n’est pas du tout commun alors que C. cordigerum aux fleurs vertes et blanches est aussi assez localisé. Des touffes jusqu’à une douzaine de pieds de C. himalaicum ne sont pas exceptionnelles et en de rares occasions on peut même trouver des groupes de plusieurs douzaines de pieds… si on a beaucoup de chance ! L’orchidée épiphyte que l’on rencontre le plus fréquemment dans les forêts de brumes de l’est de l’Himalaya est la Pleione hookeriana aux fleurs roses et blanches. En raison de son comportement souvent stolonifère, elle constitue généralement des colonies de bonne taille sur les rochers couverts de mousse ou plus haut dans la canopée des arbres, largement hors d’atteinte des photographes, frustrés…

Les hautes alpines

Les défis auxquels doit faire face une plante qui pousse à haute altitude dans l’Himalaya sont nombreux et en particulier pour celles qui poussent au-dessus de 5000 m, quand on sait que la température de l’air n’excède jamais 15°C, même au coeur de l’été. Plusieurs de ces hautes alpines ont développé des moyens d’adaptation extraordinaires et parfois curieux pour survivre dans cet environnement extrêmement difficile.

L’une des plus bizarres d’entre elles est Saussurea gossypiphora assez fréquente dans une grande partie de l’Himalaya jusqu’aux cols à 5400 m d’altitude. Cette plante extrêmement velue est une proche cousine de la commune pâquerette bien que ce ne soit pas évident car ses fleurs noir

violacé sont cachées derrière un cocon de poils laineux. C’est une plante parfaitement adaptée à pousser dans des environnements rigoureux, sa couverture de poils isolante lui assurant non seulement de survivre mais aussi de se reproduire.
Rheum nobile est, évidemment, une des suprêmes plantes alpines himalayennes et cette rhubarbe géante ne correspond certainement pas à l’idée que la plupart des gens se font d’une alpine. Contrairement aux plantes qui lui sont associées, il atteint environ 1.50 m de haut et est assez fréquent dans la partie est de l’Himalaya, en particulier dans le centre du Bhoutan où il n’est pas rare de voir des centaines de plantes voire plus, pousser dans la même zone. Cette plante extraordinaire pousse dans différents habitats y compris dans les landes de rhododendrons nains, mais aussi sur les pentes rocailleuses et les bords des falaises herbeuses habituellement entre 4200 et 4600 m. Les fleurs sont couvertes par une tour de bractées d’un jaune pâle translucide qui agit de la même manière qu’une serre. Les études de botanistes japonais ont démontré que le différentiel de température entre l’intérieur et l’extérieur atteint habituellement 5 °C mais peut être de plus du double.

Rheum nobile – Demso La Bhoutan central – photo : Martin Walsh

Les autres plantes himalayennes importantes

Plutôt que de tenter l’impossible, j’ai décidé de limiter cette sélection personnelle et quelque peu arbitraire à seulement quelques genres importants que l’on trouve dans la région de l’Himalaya.

Cremanthodium

C’est l’un des membres les plus importants des Compositae (Asteraceae) dans cette région. La plupart d’entre eux sont à fleurs jaunes et sont considérés comme des pissenlits de première classe par certains. Parmi les Cremanthodium les plus adaptés au jardin, il y a les espèces alpines dont les deux plus communes sont C. decaisnei et C. reniforme légèrement plus robuste. Ils ont tous deux des fleurs jaunes pendantes avec des bractées involucrales brunes et on les rencontre le plus souvent poussant dans des endroits relativement détrempés, et même quelque fois dans l’eau courante.

Saxifraga

Selon mon expérience, c’est au Bhoutan central qu’on rencontre les meilleures formes de Saxifraga bergenioides. Celle parmi les plus distinctes

des saxifrages possède des fleurs noueuses rose violacé avec un grand calice rouge pourpre. Toutes les parties de la plante sont assez poilues ce qui n’est guère étonnant puisque c’est un membre de la section Ciliatae. Elle pousse dans une palette d’habitats allant des prairies alpines aux éboulis et même, occasionnellement, dans des endroits relativement humides. S. lychnitis appartient à la même section et a elle aussi des fleurs de forme similaire mais jaunes; cependant elle semble avoir une préférence particulière à pousser dans des endroits marécageux, souvent en association avec la brassicacée blanche Pycnoplinthopsis bhutanica qui, comme elle, est une plante relativement commune dans le centre du Bhoutan. Une des plus belles saxifrages de la section Porophyllum dans l’Himalaya est Saxifraga thiantha var. citrina à la floraison jaune pâle. Tout comme les espèces déjà citées on la trouve également dans le centre du Bhoutan mais malheureusement elle ne semble pas être en culture. Les hauts escarpements au-dessus de Om Thso et Juemep Tsho ainsi que les affleurements rocheux sur le Kheme La (4567 m) sont couverts d’une multitude de coussins de cette saxifrage dont certains sont assez âgés.

Primula

Le genre Primula est sans conteste l’un des genres les plus importants dans l’Himalaya dont on rencontre les espèces sur une énorme variation altitudinale allant de 1525 m au plus bas (P. sherriffae) au plus haut à 6100 m (P. caveana). L’une des plus prolifiques est la très parfumée P. sikkimensis qui peut souvent couvrir des hectares de prairies subalpines humides et qui est de toute évidence une espèce résistante au pâturage puisqu’elle est plus ou moins délaissée par les yaks. La couleur des fleurs varie du jaune pâle au riche jaune soufre et par expérience ces deux formes de couleur ne se rencontrent jamais dans la même population. Etonnamment, elle pousse aussi dans des régions plus sèches comme la vallée de Kharta au Tibet où elle est principalement cantonnée aux abords des ruisseaux.

Primula macrophylla est une autre primevère parfumée également à la riche floraison pourpre violet. C’est une espèce assez variable que l’on trouve aussi
bien à l’ouest qu’à l’est de l’Himalaya. Elle est assez commune sur plusieurs des hauts cols du Bhoutan central où sa floraison coïncide habituellement avec la fonte des neiges. Egalement commune au Rupin Pass (4600 m) dans
l’Himachal Pradesh, P. macrophylla var. moorcroftiana est une forme naine aux fleurs violet-mauve avec un oeil blanc et des pétales profondément dentelés. Souvent en association avec la précédente, P. megalocarpa est assez similaire à P. macrophylla et était même considérée comme une variété de celle-ci, mais elle en diffère sur plusieurs points et plus particulièrement sur la taille et la couleur des fleurs.

Primula obtusifolia est probablement la plus spectaculaire des espèces rencontrées dans l’Himachal Pradesh et semble restreinte à l’ouest de l’Himalaya d’où elle fut introduite par Ludlow & Sherriff en 1939. La couleur des fleurs varie du rose au violet pourpré, toujours avec un oeil blanc entourant un centre sombre. Les meilleurs spécimens ont été trouvés à Garuba Nullah à environ 4600m poussant principalement parmi les rochers mais aussi sous des surplombs rocheux. Ces dernières, bien protégées du mauvais temps, étaient densément couvertes de farine blanche.

Un des membres les moins connus de la section Soldanelloides, Primula umbractilis, est une endémique du Bhoutan aux fleurs parfumées en forme de trompettes variant du bleu violacé au blanc bleuté. On peut la trouver occasionnellement poussant sur des saillies moussues de parois rocheuses dans la zone de forêt avec Anemone rupicola, Meconopsis bella etc., mais en général elle pousse bien au-dessus de la limite des arbres, dans des zones terreuses sur des pentes rocailleuses abruptes et est particulièrement prolifique au Bhoutan central. En 1949, George Sherriff envoya par avion des souches en dormance de cette primevère dans une boite métallique scellée à George Taylor à Londres, qui les distribua rapidement à quelques jardiniers experts dans toute l’Angleterre. Malgré leur scepticisme, leurs plantes furent en fleurs en l’espace d’un mois!

Meconopsis

Le groupe de plantes que les gens associent le plus facilement avec l’Himalaya, c’est celui des Meconopsis couramment surnommés « pavots bleus de l’Himalaya ». Cette région est riche de nombreuses espèces différentes, lesquelles ne sont pas toutes bleues! L’un des plus grands, Meconopsis paniculata, à la floraison jaune (rarement rose) est assez répandu à l’est de l’Himalaya, et pousse jusqu’à environ 1.20m dans des habitats différents allant des flancs de collines aux clairières de forêts. Lors d’une bonne année, ce pavot peut être particulièrement prolifique et créer un spectacle de

plusieurs milliers de plantes fleurissant au même moment comme ce fut le cas à l’été 2010 dans le centre du Bhoutan.

L’un des plus répandus et certainement un des plus variables est M. horridula. Sur le Thong La au Tibet, à 5150m poussant dans des éboulis stabilisés, ce pavot bleu mesure à peine 10cm de haut; tandis qu’à une altitude plus basse, la plante est habituellement beaucoup plus robuste, mais tout aussi épineuse. On le rencontre fréquemment poussant parmi les rochers sur les pelouses alpines. Dans le centre du Bhoutan, il présente même plus de variation, notamment dans la palette de couleurs de ses fleurs qui passe par toutes les teintes de bleu, ainsi que le rose et même le rouge lesquelles poussent très près les unes des autres.

Meconopsis discigera est une plante encore plus spectaculaire. Ce pavot très distinct pousse dans les éboulis stabilisés de la région de Chomolhari à l’ouest du Bhoutan. Il est plus impressionnant avec un racème légèrement groupé jusqu’à 20 fleurs en forme de coupes d’un bleu intense, occasionnellement avec de petites touches violettes, une couleur qu’on ne retrouve pas à mon avis chez aucun des autres pavots bleus (des formes jaunes se rencontrent ailleurs dans l’Himalaya). En 2005, l’expédition AGS au Tibet dont j’étais membre découvrit une espèce proche aux fleurs marron rougeâtre poussant dans la vallée de Kangshung. Cette espèce qui n’avait pas été décrite auparavant a depuis été nommée M. tibetica par notre éditeur Christopher (Kit) Grey-Wilson.

Un des premiers objectifs de l’expédition 2008 au Bhoutan central était de trouver M. sherriffii dans les zones où Frank Ludlow l’avait découvert au cours de son expédition de 1949. Nous fûmes surpris de découvrir que ce pavot rose était une plante assez commune dans les zones où on le trouve. Il pousse typiquement sur les pentes ouvertes parmi les potentilles et les landes de genévriers avec plusieurs autres proches ou dans de vastes champs de rochers. Comme le notait Ludlow, il est absolument vivace dans la nature car la plupart des plantes avaient encore les restes des capsules de graines de l’année précédente et plusieurs touffes faisaient bien plus de 60cm d’envergure et portaient de grandes fleurs roses.

Corydalis
Il y a beaucoup d’espèces dans cette région et notamment l’une des plus convoitées de tous, Corydalis cashmeriana. Alors que bon nombre d’espèces

poussent dans les landes subalpines et les sous-bois, les espèces recherchées sont celles que l’on trouve à haute altitude et la plupart d’entre elles appartiennent à la section Latiflorae.

L’une de ces plantes est C. meifolia, une espèce vraiment répandue localisée à la fois dans les parties ouest et est de l’Himalaya et, comme on pourrait s’y attendre, elle est aussi très variable. Dans ses meilleures formes, qui ont été trouvées sur le Langma La au Tibet à 5347m, les plantes produisaient de grands racèmes de fleurs jaunes aux lèvres verdâtres, un contraste frappant avec les feuilles glauques à l’allure de feuilles de carotte d’une extrême beauté. Une superbe forme rose connue sous le nom de C. meifolia var. violacea a été découverte par Henry et Margaret Taylor dans les années 90 dans l’Himachal Pradesh.

Le très parfumé C. latiflora est souvent rencontré à très haute altitude sur les cols à 5400m et plus. Sur le Thorung La, au Népal central il pousse dans les éboulis alors que sur le Langma La au SE du Tibet, il pousse dans les poches de terre parmi les rochers. Une espèce très variable sous plusieurs aspects et dont la couleur des fleurs n’est pas le dernier, les formes népalaises incluent aussi bien celles aux fleurs blanc bleuté que rose pâle, alors que les formes tibétaines ont des fleurs mauves avec des marques vert pourpré et brun orange.

Parmi les quelques Corydalis endémiques du Bhoutan il faut citer le peu connu C. calliantha au feuillage glauque finement divisé, similaire à celui de C. meifolia. Il présente peu de variation en dehors de ses fleurs potelées portées par de courts racèmes, normalement jaunes avec des marques vertes et violacées. Cette espèce pousse dans des habitats différents au-dessus de 3800m mais principalement dans des zones de forts apports humides, et même jusqu’au bord des ruisseaux ou dans des éboulis détrempés.

 Conclusion

Chaque voyage dans l’Himalaya tourne à l’aventure d’une façon ou d’une autre. Au cours de chacune de ces expéditions on doit gérer un certain nombre de difficultés comme le mal de l’altitude, les sangsues, les températures au-dessous de zéro, les chutes de pierres, les glissements de terrain, les tempêtes de sable voire de neige et, accessoirement, des conditions de logement peu idéales, sans mentionner des routes à donner le vertige. Bien que certains de mes collègues peuvent ne pas être d’accord, la plupart de ces épreuves sont vite oubliées et ce sont les remarquables plantes et les paysages magnifiques ainsi que les rencontres avec des peuples qui vivent dans la région himalayenne qui font de ce coin du monde un endroit si fascinant à explorer. »


Texte original de Martin Walsh (traduction Alain Denis)

Les sections de Paris et de Province

Section Ile de France
(75, 77, 78, 89, 91, 92, 93, 94, 95)
M. Bruno BOFF,
2 rue Edouard Cadol,
92600 Asnières sur Seine.
bboff@orange.fr

Section Centre-Val de Loire
(18, 28, 36, 37, 41, 45, 58)
M. Jean-Luc BLANCHARD, 
89, rue des Petits Souliers
45170 St Lyé la Forêt.
blanchard.jl@wanadoo.fr

Section Jura-Franche Comté
(25, 39, 70, 90)
M. Patrick LAUBRY,
42,Chemin de Palente
25000 Besançon.
patricklaubry@yahoo.fr

Section Auvergne- Rhône Alpes
(01, 05, 26, 38, 73, 74)
Thibaut CASAGRANDA
1185, route de Pont-de-Beauvoisin 73520 La Bridoire
thibault.casagranda@orange.fr

Section Nord-Pas de Calais Picardie
(02, 59, 60, 62, 76, 80)
Mme Véronique MACRELLE
53, rue Georges Sand
62117 Brebières
velomac@gmail.com

Section Vosges-Alsace-Lorraine
(54, 55, 57, 67, 68, 88)
M. Sébastien ANTOINE,
65 rue de la Fontaine,
54320 Chaligny.
s.antoinebota@gmail.com

Quelques nouvelles de la section normande
Première participation de la section normande à une manifestation horticole à
Caen. ce fut le samedi 13 avril, par une belle journée ensoleillée , que notre
section participa à la « Fête des Plantes » organisée par l’association du quartier
des fleurs. N’ayant pas pu inscrire la Saja à temps pour avoir un stand, « Caen
au pied du mur » (association qui permet aux habitant de Caen qui le
souhaitent de végétaliser les pieds des murs des maisons) nous accueilli et
partagea leur emplacement tout l’après midi. Ce premier contact nous a
permis de rencontrer les habitants du quartier, de leur présenter notre
association et de leur distribuer nos flyers.
Le 05 mai, une prise de contact a eu lieu avec la Présidente de la Société
Centrale d’Horticulture de Caen et du Calvados à l’occasion de leur foire aux
plantules organisée au parc de la Colline aux Oiseaux. Une présentation de la
Saja sera publié à la rentrée dans leur revue.
D’autres participations de notre section sont à l’ordre du jour:

  • le 07 septembre, nous serons présent à la manifestation « place aux
    associations », présentation qui a pour but de faire connaitre les associations
    caennaises au grand public.
    -Les samedi 12 et mercredi 16 octobre, présentation d’une conférence sur le
    thème « adaptation des plantes alpines, un défi botanique! » dans le cadre des
    animations d’automne 2024 au Jardin des Plantes de Caen.
  • projet de participation à la réfection des rocailles du Jardins des Plantes de
    Caen.
  • Toutes ces activités permettrons de se faire connaitre afin d’agrandir le
    cercle des sajistes normands!
    Chantal Véron
    Michel Flandrin

Vente de bulletins

► Si vous souhaitez compléter votre collection, n’hésitez pas, les anciens
bulletins sont toujours disponibles selon les tarifs ci-dessous.


du n° 1 au n° 172: le bulletin : 4.00 € port payé
du n° 173 au dernier n° : le bulletin : 10.00 € port payé
la collection complète : 120.00 € port en sus
N° spécial « les semis » : 12.00 € port payé

N° spécial 65 ème anniversaire : 18.00 € port payé

N° spécial 70 ème anniversaire : 18.00 € port payé
N° spécial « Cinquantenaire » : 18.00 € port payé

Echange de graines

Récolte de graines

Comme chaque année a lieu notre « échange de graines ». Il offre la possibilité aux membres qui le souhaitent d’envoyer des graines de plantes vivaces qu’ils ont récoltées dans la nature ( Attention ! De nombreuses plantes sont protégées, il est donc indispensable de consulter les listes régionales sur le site http://inpn.mnhn.fr) ou des plantes qu’ils cultivent au jardin. Il permettra d’avoir un vaste choix de graines sur la nouvelle édition de l’index seminum, qui est exclusivement réservé aux adhérents !

La date limite pour l’envoi de votre donation est fixée au 31 octobre 2024.

Merci de ne pas nous envoyer vos sachets dans un petit colis car il ne rentrera pas dans notre boîte postale. Il vaut mieux utiliser une enveloppe doublée ou une enveloppe bulle.

Contacter:

Contact SAJA

ou écrire :

Saja – semences
BP 432
75233 Paris Cedex 05

Envoi de semences :

Seuls les membres de la SAJA peuvent échanger des semences. Cependant, nous acceptons les dons, sans participation aux échanges.

Un petit rappel, afin de réceptionner au mieux vos envois.

-Tout d’abord, essayer de bien identifier vos graines, afin d’éviter les erreurs et les désappointements, pour ceux qui les plantent. Si vous avez des doutes, vous pouvez envoyer une photo à : contact@sajafrance.fr Vous pouvez envoyer des graines de plantes vivaces récoltées dans la nature* ou des plantes cultivées au jardin.

– Assurez-vous que les graines sont débarrassées de terre, débris, téguments, silicules, et surtout insectes vivants…etc. Certaines graines, qui doivent être semées fraîches et ne supportent donc pas le stockage au sec, doivent être conservées dans un sachet plastique à zip rempli de tourbe ou de vermiculite.

-L’emballage doit être ETANCHE, sans que cela soit trop difficile à ouvrir. Il est dommage de perdre régulièrement des graines, dans l’emballage. Deux plis en haut du sachet et un bout de scotch sont suffisants, mais testez les en les renversant. 

-L’envoi, dans une enveloppe doublée et non dans une boite, est accompagné de 2 exemplaires de la liste, marqués de vos noms et prénoms

-La date limite d’envoi est à respecter.

-Nous vous rappelons que nous tenons à votre disposition des sachets de graines que vous aurez à envoyer. Il suffit d’en faire la demande par courriel à Geneviève Martine, et c’est gratuit ! 

-Les semences sont à envoyer à notre adresse postale : SAJA, BP 432, 75233 Paris cedex 05 et non au Muséum.

– Si vous nous commandez des graines, comme nous l’espérons, n’oubliez pas d’indiquer que vous êtes un « donateur ». Les donateurs de 5 espèces jusqu’à 20 espèces bénéficient d’une attribution gratuite de 5 sachets.

– Lorsque vous recevez peu de graines dans un sachet, c’est que nous en avons reçues très peu ou, hélas, qu’elles ont été perdues dans l’enveloppe.

Enfin un grand merci à tous, pour votre fidèle participation.

Comment utiliser les caisses en polystyrène (fabrication d’une auge)

Par Philippe Jaillet, dans Plantes de Montagne, 206 : 219

Utiliser ces caisses de manière esthétique tout en conservant leurs propriétés exige de nombreux essais et surtout de nombreuses années !

Cela permet la culture d’Alpines de manière assez aisée avec, contrairement à la culture en pots, la possibilité de planter plusieurs sujets groupés ce qui facilite la pollinisation croisée. Par contre les hybridations peuvent être évitées. Chaque bac peut être isolé, grâce à son poids relativement modeste.

De plus, ces auges prennent peu de place et se logent facilement sur un balcon, une véranda ou dans un recoin.

L’inconvénient est que la hauteur est limitée et que les espèces exigeant un sol assez profond pour les racines seront à proscrire.

Mortier type :

  • 1 part de vermiculite
  • 1 part de sable
  • 1 part de tourbe
  • 1 part de ciment blanc

Il est très important de cribler la tourbe afin d’obtenir un mélange bien homogène et surtout à cause de grumeaux qui, s’ils affleurent, se détacheront en laissant des trous.

J’ai envie que la quantité d’eau idéale pour un bon mortier se juge à l’expérience. Il en faut assez pour que le mélange soit malléable mais pas trop sinon le mortier n’adhère pas. Une poignée serrée dans la main doit laisser apparaître un mortier qui se lie bien mais ne doit pas goutter.

Faire se fixer le mortier sur le polystyrène fut le problème le plus long à résoudre. La solution est en fait très économique et très simple : j’utilise de la colle blanche à bois. Il faut badigeonner toute la partie extérieure de la caisse sans oublier le tiers supérieur et appliquer directement le mortier à la main.

1) Je commence par un angle et j’enduis le plus régulièrement possible de bas en haut en reculant progressivement pour atteindre le point de départ. L’épaisseur varie entre 1,5 et 2 cm et est plus importante au niveau des angles afin de renforcer ces endroits plus fragiles. J’enduis ensuite le dessus et le tiers inférieur avec également une surépaisseur au niveau de l’angle supérieur.

Une certaine dextérité nécessaire s’acquiert rapidement. Il faut s’assurer que chaque poignée de mortier s’est bien assemblée avec la précédente et que le rendu est quasi régulier. Ceci facilite l’étape suivante qui consiste à aplanir plus ou moins régulièrement les murs et fignoler les angles.

J’effectue cette opération avec une truelle côté après côté après avoir humecté le mortier pour une finition plus soignée. Je laisse ensuite tirer une heure ou deux et je passe l’éponge trempée (ou un balai) sur l’ensemble. Le béton devient de plus en plus étanche et aussi plus pérenne.

2) Un ou deux jours après je retourne l’auge pour enduire le dessous. Même mélange, même procédé : colle à bois, application à la main, finition à la truelle et imperméabilisation avec une éponge humide deux heures après. Il est également nécessaire de faire ‘ ou 5 trous de drainage. Je perce avec une tige de fer au cours de l’étape truelle.

Cette méthode de modeleur-maçon demande un peu de patience, beaucoup de passion pour ses alpines pour un résultat esthétique et sanitaire pour les plantes qui encourage à en faire encore…

Visite de l’arboretum de Segrez

C’est par un après-midi humide que nous avons été accueillis par M. Franklin Picard, propriétaire de l’arboretum de Segrez. Les premières plantations remontent aux environs de 1730. A cette époque le Marquis d’Argenson y introduit les premiers tulipiers de Virginie et cyprès chauves connus en France, dont certains sont toujours présents. En 1857, Alphonse Lavallée enrichit le domaine et en 1859 on comptait 3000 espèces dont certaines introduites pour la première fois en Europe. A sa mort en 1884 le parc possédait 6500 taxons. Après plusieurs années d’abandon les collections sont aujourd’hui de nouveau complétées grâce au dévouement de M. Picard.

Ne pouvant énumérer ici toutes les espèces vues lors de cette visite, je citerai, de mémoire, les deux très beaux sujets de Fagus sylvatica var. tortuosa ‘Faux de Verzy’, le Populus italica var. afghanica issu de semences rapportées par le colonel Korolkov.

FAGUS SYLVATICA VAR TORTUOSA – PHOTO BRUNO BOFF

Près de l’entrée, au milieu de la pelouse trône le premier pied du Pterocarya x rehderiana, hybride entre P. fraxinifolia et P. stenoptera. Nous admirons également un Corylus fargesii qui est intéressant par ses grandes feuilles. Dans la pépinière, nous pouvons voir quelques arbustes rares ou peu courants dans nos jardins: Chrysolepis chrysophylla, fagaceae originaire de l’ouest des Etats-Unis, Sorbus yuana découvert en 1980 dans l’ouest du Hubei et du Sichuan où il est fort rare et Nyssa leptophylla, originaire de Chine. Le genre Nyssa est très intéressant par ses coloris d’automne, il demande un sol frais. Franklin Picard toujours à l’écoute des visiteurs est intarissable en anecdotes et conseils sur « ses chers enfants ». Puissions-nous longtemps redécouvrir de superbes arboretums.