Le 18 juin, la Saja était reçue à l’Herbier du Museum par Cécile Aupic, sa conservatrice.
Cette collection botanique, la plus importante au monde, contient 8 millions de spécimens, plantes, lichens, algues et champignons venus du monde entier, et n’a cessé de s’enrichir depuis la création du Jardin royal des plantes médicinales en 1635. Durant deux heures et demie, dans des salles maintenues à environ 18 degrés, nous avons pu découvrir les coulisses de cette institution, son historique, ses méthodes de classement par familles botaniques, ses différents modes de conservations et de consultations.
La méthode de fabrication n’a pas beaucoup changé ! Aplaties, séchées dans des livres, les plantes sont classées, annotées des informations indispensables : lieu de récolte, collecteur, date de récolte, informations sur le milieu, noms vernaculaires, description du spécimen, éventuellement des usages locaux de ces plantes.
Mme Aupic avait sorti spécialement des réserves deux précieux herbiers :
•Un cahier de Lamarck où en plus des plantes séchées, figurait en parallèle un dessin très précis de ladite plante.
L’herbier de Lamarck, qui a servi, au siècle dernier aux travaux des plus éminents botanistes, est encore aujourd’hui l’un des plus souvent consultés. Il comprend environ 19000 spécimens rassemblés par le botaniste tout au long de sa vie grâce à ses récoltes et celles effectuées dans le monde entier par ses amis ou correspondants, botanistes célèbres de l’époque, naturalistes, voyageurs français et étrangers qui se rendaient dans divers pays pour recueillir des plantes.
En 1824, très âgé et dans le plus grand dénuement, Lamarck vendit son herbier à un botaniste allemand, Christian Roeper qui l’intercala dans son propre herbier. Il sera racheté par l’université de Rostock et incorporé dans la collection générale. L’université estimant que ce trésor méritait d’être conservé dans un des grands musées botaniques d’Europe, le proposa d’abord à la France « pays où cet herbier avait été formé et patrie de l’auteur de la Flore française et de l’Encyclopédie méthodique». En France, tous les intervenants, Ministère, financiers, botanistes, plébiscitèrent l’acquisition de « …cet herbier très riche en dessins et en types qu’on ne saurait trouver ailleurs. Ces types sont ceux de l’Encyclopédie, ce qui donne à la collection une valeur utilitaire de premier ordre… ». Le 17 janvier 1887, l’herbier de Lamarck refera ainsi son entrée au Muséum mais nécessitera de longs travaux pour le conserver dans un ordre facile à consulter.
•Le second trésor était l’herbier de Mathieu-François Fège, l’«Herbier de Chamonix» daté de 1810
On dirait aujourd’hui de Mathieu-François Fège qu’il était plus guide que botaniste. Installé au début du 19° siècle aux alentours de Chamonix, il organisait des “sorties” pour expliquer la flore, la faune et la minéralogie. C’est dans ce cadre qu’il vendait des herbiers intitulés « Collection de 300 plantes alpines cueillies et préparées par Mathieu-François Fège, botaniste et minéralogiste à Chamonix, dans les montagnes de la vallée de Chamonix et du Saint-Bernard« . C’est l’un de ces rares cahiers/herbiers proposés par Fège que possède le Museum : un exemplaire, hors commerce« dédié à Marie », qui passapar le Laboratoire de Malacologie avant d’être donné au Laboratoire de Phanérogamie par M. Ranson le 13 décembre 1966. Disposé entre deux planches de bois, l’herbier est présenté sous la forme d’un cahier où les végétaux sont collés en fonction des lieux de collectes (les spécimens, petits, 5 ou 6 par page, sont fixés par les étiquettes elles-mêmes), le nom latin est mentionné ainsi que la famille, mais les végétaux ne sont pas représentés dans un but scientifique.Curieusement, un exemplaire de cet herbier est conservé au musée de Botanique de l’Université Laval au Québec, acquis en 1836 par l’abbé Holmes du séminaire de Québec de passage à Chamonix en se rendant à Rome….
Nous remercions chaleureusement Mme Cécile Aupic pour ces découvertes et pour sa disponibilité.
NB : accompagnant l’énorme chantier de la rénovation complète de L’herbier national pour répondre aux standards actuels de conservation, sont mises à la disposition du public plus de 5 millions de planches d’herbiers, consultables sur la base de données du site Internet du Muséum :
Bibliographie :
L’Œuvre botanique de Lamarck, H. Lecomte et J. Leandri (Pub.scientifiques du Muséum, 1930)
L’Herbier de Lamarck, Gérard G. Aymonin (Persée 1981)
Anciens herbiers conservés au laboratoire de phanérogamie du muséum Alicia Lourteig et Paul Jovet (Persée 1997)
Marie-France Banvard et Bruno Boff