‘Siresa’ Espagne 2022

Aveyron 2021

Participation de la Saja au village botanique 2022

village botanique 2022
L’équipe fin prête !


Pour la 7 ème édition, c’était sous un soleil radieux que la Saja était présente au
village botanique organisé au parc floral par la ville de Paris, les samedi 11 et
dimanche 12 juin. Le thème retenu cette année était « l’évasion locale ».
Installé dans le pavillon de la Chesnay du Roy, notre stand monté et décoré aux
« armes » de la Saja, nous étions fin prêt à recevoir le public durant ces deux
jours.
Plus de 50 stands (Associations, institutions, producteurs) liés à la diversité
botanique étaient présents; des ateliers, conférences, visites ont été proposés
aux passionnés de botanique pendant le weekend. Conférence donnée le
samedi par Stéphane Rémy sur la flore des Canaries, iles de Ténérife et d’El
Hierro a eu un grand succès auprès des auditeurs .
Visite guidée passionnante de Nicolas Rossignol au jardin alpin du parc floral et
conférence sur la création de ce jardin alpin et de ses milieux montagnards
français. Visites et conférence ont remporté un vif succès.
Le reliquat de plantules de la FAP a pu être proposé à la vente auprès de nos
visiteurs et ainsi compléter l’apport financier pour les caisses de la Saja
Plus de 5000 visiteurs se sont pressés lors de cette manifestation. Cela a été
l’occasion pour notre association de nous faire connaitre et peut être susciter
des vocations botaniques!
Un grand merci à Nicolas Rossignol d’avoir su conjuguer son aide pour le bon
déroulement de la manifestation et sa disponibilité auprès du stand de la Saja,
à Stéphane Rémy d’avoir représenté avec talent notre association lors de sa
conférence et d’avoir été présent sur le stand, tout comme Geneviève Martine,
France Parfait et Evelyne Gaussens qui ont assuré par leur disponibilité, une
présence dans la bonne humeur et la convivialité pendant ces deux jours.

Stéphane, Genevieve et Evelyne

Les 70 ans de la SAJA et la 36ème foire aux plantules

La célébration des 70 ans de la SAJA fût une belle ouverture pour la Foire aux Plantules de
rocailles au Parc Floral.

La veille nous avons ainsi pu retrouver au restaurant chez COUMUS*, Avenue de Paris à
Vincennes, en face du Château et à peu de distance du Parc Foral, nos membres et généreux
donateurs qui sont en partie est venus à cet événement depuis leurs provinces.

Les convives ont ainsi pu faire plus ample connaissance avec Michel Flandrin, notre nouveau
président, sa venue fût arrosé comme il se doit; l’apéritif et les boissons furent offerte par la SAJA !. Le repas, excellent,
s’est déroulée dans une ambiance gaie et festive, la douce soirée de printemps donnait un
air de fête de famille à cet événement qui s’est terminé, comme il se doit, avec un
magnifique gâteau et des bulles.
Nous aurions bien prolongé un peu (danse et musique comme le dit la signification de
Comus*), mais beaucoup de convives ont dû se rendre à la première heure du lendemain à
l’ouverture de la Foire aux Plantules.

(*Comus est le dieu des festins chez les Grecs. Ce terme veut dire réjouissance avec repas,
danse et musique).

36 ème Foire aux Plantules de rocaille
Une nouvelle fois nous nous sommes retrouvés au Parc floral de Paris, qui grâce à Nicolas
Rossignol, nous a accueilli pour notre Foire aux plantules de rocaille annuelle.
Installés dans le pavillon no.20 , pavillon « exotique » du parc qui est dédié surtout aux
plantes d’Afrique du Sud. Le lieu est spacieux et on y circule bien, nos sajistes présents ont
profité d’un bel emplacement dehors, parmi les plantes et arbustes en fleur. Deux auges
fleuries préparée par Nicolas, accueillaient nos visiteurs à l’entré du pavillon, démontrant
ainsi au public que certaines plantes alpines pouvaient s’intégrer parfaitement dans une mini
rocaille!
Notre venue a d’emblée attiré un des paons du parc qui nous a choisi pour parader et faire la
roue, inlassablement et toute la journée, comme une enseigne vivante et parfois bruyante
pour notre stand.

L’accueil


Et quel plaisir de retrouver nos amis sajistes qui amènent leur savoir, leur patience et leur
compétence sous forme de plantules en godets toujours aussi variés et nombreux. Toute la
journée les bénévoles de la Saja ont installé, accueilli, conseillé utilement un public
nombreux, curieux, intéressé et enthousiaste. Traitement VIP pour des groupes de visiteurs
qui ont pu faire des visités organisées et commentées par Nicolas Rossignol dans le nouveau
jardin alpin dont il est le gardien et le berger.
Ce fut également l’occasion de se faire connaitre auprès d’un large public du Parc Floral et de
recruter deux nouveaux sajistes. Une bonne partie des plantules proposées ont trouvé
acquéreur , enrichissant ainsi de nouveaux jardins et jardinières.
Que nos sajistes, pourvoyeurs de plantules, soient grandement remerciés car la réussite de
cette manifestation est sans conteste grâce à leur implication, leur disponibilité et les efforts
consentis pour élever, préparer ces plantules et venir nous les proposer parfois de très loin!
Pour ses 70 ans d’existence, nous pouvons dire que la Saja a encore de beaux jours devant
elle.

mise en place des plantules !

Voici une modeste liste de quelques plantules observées lors de cette belle journée :

Androsace himalaica

Draba sakuraii

Daphne domini

Eriogonum compositum

Fritillaria crassifolia ssp. crassifolia

Gypsophyla zhegulensis

Lewisia tweedyi

Haberlea  rhodopensis

Iris croatica 

Leibnitzia nepalensis

Paeonia emodi

Pelargonium endichlerianum

Primula alcalina

Salix hymelatica

Saxifraga bronchialis 

Scutellaria polyodon

Sedum ewersii

Sempervivum arachnoideum ‘Claerchen’

Stylophorum lasiocarpum

Yucca neomexicana


Visite des jardins de Bressault

 » La Biodiversité du Sud Essonne réhabilité« 

Nos hôtes, François et Christine Lieutier  nous ont accueillis en fin de matinée dans leurs beaux jardins situés entre la Louette et la Chaouette. Ces deux rivières se rejoignent au bout de la propriété pour devenir la Juine dans un site pittoresque longé d’un vestige de mur du 12ème siècle et qui coule sous un pont à dos d’âne du Moyen Age.

Au 19ème siècle, cet endroit était une vaste exploitation maraichère comme il en avait tant dans les terres fertiles de l’Ile de France. Le maraîcher figure sur le dépliant avec ses moustaches frétillantes a belle allure On lui achètera sans hésiter ses haricots et salades.

(Ici photo en médaillon du maraîcher)

Une grande partie est maintenant construite et encerclé de routes, la gare RER n’est pas loin avec son énorme parking. Mais le cœur de la propriété est toujours là avec sa longère en pierres du 16ème  siècle ses dépendances et un impressionnant réservoir d’eau sur le toît, le tout structuré par de magnifiques massifs de plantes horticole sous différents points de fuite.

Après une brève description, le temps que tout le monde soit là, nous nous sommes retrouvés dans une sorte de salon à ciel ouvert, entre un mur à rosiers et une haie verte, sous une tonnelle entourée d’un magnifique rosier grimpant.

Repas tirés du sac comme disent les Naturalistes, boissons offertes par nos hôtes et friandises partagés.

François nous a présenté les parcelles en nous expliquant la finalité des projets mais aussi leur état d’avancement.

Les prairies souffrent d’avoir démarré sur un sol trop fertilisé et ne retrouveront qu’avec beaucoup de patience et soins un état de prairie de fauche aux multiples fleurs et graminées (mettre qq exemples). Une seule tonte par an à l’automne. L’herbe est empilée  pour servir d’abri aux insectes et petits mammifères. Une deuxième tonte au printemps est envisagée. Petit à petit, les plantes locales et son cortège d’insectes se réinstalleront.

Nous avons ainsi pu admirer une prairie à orchidées (Ophrys apifera,Listera ovata,Himantoglossum hircinum,Anacamptis pyramidalis…) plusieurs hôtels à insectes de conception et élaboration très simples (taux de remplissage maximum!), les murets à lézards et talus de terres sableuses pour les abeilles solitaires. La bambouseraie placée prés des berges de la Louette a été domptée par la force des bras et le maniement de la bêche.

Les explications scientifiques passionnantes agrémentées d’anecdotes sur les plantes, les animaux, la pêche et les pêcheurs ont émaillé notre visite.

Un grand merci à nos hôtes d’avoir partagé leur savoir avec nous et de nous accorder leur temps précieux.

Une liste de 111 plantes de 35 familles fleurissant en Juin et Juillet nous a été remise.

Ajoutons que le jardin a reçu 550 visiteurs lors des Rendez-Vous aux Jardins du 3 au 5 juin de cette année et que les jardins se visitent sur rendez-vous et sont aussi proposés au scolaires.

Pour les malchanceux qui n’ont pu suivre la visite ,voici le lien qui vous conduira aux jardins de Bressault!  https://www.lesjardinsdebressault.com/

Voici la liste, classée par famille, des floraisons observables entre juin et juillet aux jardins de Bressault.

Adoxaceae : Sambucus sp. ,Viburnum sp.

Apiaceae : Anthriscus sylvestris (fruits), Daucus carotta, Foeniculum vulgare (Fenouil), Pastinaca sativa (Panais sauvage)

Aracecae : Arum italicum

Asteraceae : Bellis perennis, Centaurea montana (introduite), Centaurea jacea decipiens, Erigeron annuus , Eupatorium cannabinum, Hypochoeris radicata, Cirsium arvense, Cirsium vulgare, Circium oleraceum, Lapsanna communis, Leucanthemum vulgare, Sonchus arvense, Sonchus asper, Sonchus oleraceus, Picris hieracioides, senecio jacobea, Taraxacum sect. Hamata = T. hamatum (fruits), Tragpogon pratensis.

Betulaceae : Betula sp.

Boraginaceae : Anchusa arvensis (Buglosse), Symphytum officinale (Consoude), Myosotis sp., Echium vulgare.

Brassicaceae : Sisymbrium officinale.

Campanulaceae : Campanula rapunculus, Campanula trachelium (introduite).

Caprifoliaceae :Lonicera periclymenum, Symphoricarpos albus, Viburnum opulus (introduit).

Caryophyllaceae : Arenaria serpyllifolia, Silene latifolia, Silene baccifera.

Cornaceae : Cornus mas.

Cucurbitaceae : Bryonia cretica dioica.

Crassulaceae : Sedum acre.

Dipsacaceae : Scabiosa columbaria, Knautia arvensis, Dipsacus fullonum.

Euphorbiaceae : Mercurialis perennis.

Fabaceae : Anthyllis vulneraria ssp pseudovulneraria, Colutea arborescens (introduite), Medicago lupulina, Vicia sativa, Onobrychis viciifolia (Sainfoin), Trifolium repens.

Geraniaceae : Geranium pyrenaicum, Geranium dissectum, Geranium robertianum, Geranium pusillum.

Iridaceae : Iris foetidus, Iris pseudoacorus.

Lamiaceae : Glechoma hederacea, Lamium album, Salvia pratensis, Lycopus europaeus, Mentha spicata, Origanum vulgare (introduit)

Liliaceae : Lilium martagon (introduit), Hemerocallis fulva (introduite).

Malvaceae : Malva sylvestris, Malva moschata.

Onagraceae : Epilobium hirsutum, Epilobium parviflorum.

Orchidaceae : Anacamptis pyramidalis, Cephalanthera damasonium, Himanthoglossum hircinum, Listera ovata, Ophrys apifera.

Orobanchaceae : Orobanche hederae (?)

Oxalidaceae : Oxalis fontana (?)

Papaveraceae : Chelidonium majus, Papaver rhoeas, Papaver dubium.

Plantaginaceae : Plantago lanceolata, Veronica persica, Cymbalaria muralis.

Poaceae : Avenula pratensis (?), Avenula fatua (?), Bromus sterilis (?), Bromus sp., Dactylis glomerata, Holcus lanatus, Lolium perenne (?), Poa sp.

Polygonaceae : Rumex crispus, Rumex obtusifolius, Rumex conglomeratus.

Primulaceae : Lysimachia arvensis (= Anagallis arvensis), Lysimachia vulgaris.

Ranunculaceae : Clematis vitalba, Ranunculus repens, Paeonia sp.

Rosaceae : Crataegus sp., Geum urbanum, Potentilla reptans, Rosa canina, Rubus fruticosus, Filipendula ulmaria.

Rubiaceae : Gallium aparine.

Scrophulariaceae : Cymbalaria muralis, Scrophularia auriculata, Digitalis purpurea.

Urticaceae : Parietaria judaica, Urtica dioica.

Coin de prairie du jardin naturel
Prairies du jardin naturel

Croissance et age de quelques plantes de montagne

  • Cet article est paru dans le bulletin SAJA  de 1955 N° 15 4e Année

J.M. et F. TURMEL

Il est connu de tout le monde que les plantes poussent très peu en montagne et les experiences de G. Bonnier, entre autres, sont là pour donner des précisions quant à la valeur de cette croissance; cependant, il existe peu de données relatives à l’age de ces plantes. Au cours d’un précédent travail, l’un de nous avait déjà montré quelle pouvait être la vitesse de croissance de sept espèces ainsi que l’âge approximatif des rameaux les plus importants.

Nous donnerons ici pour neuf autres espèces (et deux déja étudiées) la vitesse de croissance et lâge de quelques rameaux, en insistant sur Globularia nana, dont les tiges présentent une structure très particulière.

Deux méthodes ont été employées pour déterminer la vitesse de croissance des sujets étudiés : la première consiste à mesurer la longueur total d’un rameau et à la diviser par le nombre d’années que l’on détermine en comptant les anneaux de croissance annuelle sur des coupes transversales à la base des rameaux; la deuxième en mesurant la longueur des pousses annuelles le long des tiges lorsque les cicatrices des écailles protectrices des bourgeons sont bien visibles. La première méthode est parfois susceptible d’imprécision quand il y a eu de fréquentes brisures des rameaux.

Nous rappellerons tout d’abord les résultats déja obtenus. Sur ces sept espèces, vivant à 2000 m au sommet du pic Sagette, dans la haute vallée d’Ossau (B.P.), (Rhododendron ferrugineum, Empetrum nigrum, Arcostaphylos uva-ursi, Dryas octopetala, Cotoneaster vulgaris, Salix pyrenaica, Salix reticulata), seule deux espèces ont une croissance moyenne annuelle de plus de 5 cm ! C’est Arcostaphylos uva-ursi (6 cm) et Cotoneaster vulgaris, dont certains rameaux sont très privilégiés puisqu’ils peuvent avoir des croissances de 8,2 cm en moyenne. Mais ordinairement la croissance est de 2 cm par an : Rhododendron ferrugineum, Empetrum nigrum, Dryas octopetala, Salix pyrenaica et Salix reticulata n’ont annuellement qu’une croissance de 0,9 cm environ, cependant certains rameaux de S. pyrenaica ont des allongements de près de 4 cm, les autres branches de la plante restant courtes.

Dans la présente note, les onze espèces proviennent encore du sommet de la Sagette de Buzy, vers les 2000 m dans la vallée d’Ossau. Les deux espèces étudiées à nouveau montrent des croissances très semblables à celles trouvées précédemment; une coupe à la base d’une tige de Dryas octopetala d’environ 45 cm de long donne un âge de 42 ans; cette coupe souligne la forme curieuse de la tige dont les parties anciennes se délitent activement. Il est surtout à remarquer la position tout à fait excentrique de l’axe de la tige jeune située dans une région presque complètement morte et au contraire la croissance considérable des couches ligneuses successives dans une seule direction. La figure N°1 met bien en évidence le phénomène de très inégale croissance des différentes parties du méristème; la croissance ne s’est faite au début que dans une seule direction puis, par suite de l’existence de nouveaux points où les divisions de l’assise libéro-ligneuse se sont presque arrêtées, cette tige a pris une forme ailée très curieuse; elle correspond à une plaque d’environ 20 cm de large sur 30 de long au maximum. Les exfoliations de l’écorce ne permettent pas de déterminer les croissance successives annuelles, mais on peut mesurer la croissance de l’année en cours, ce qui donne trois centimètres comme ce que l’on avait trouvé précédemment.

figun
figdeux

                                                                             

La figure N°2 montre la complexité d’un pied de Salix reticulata; ce sujet est vu par la face inférieure; seules les racines plongent dans le sol; toutes les tiges sont couchées à la surface de la terre. Les coupes faites à différentes distances de l’extrémité des tiges montrent des croissances très différentes suivant les années : on peu estimer que cette plante a environ 30 ans; l’on a trouvé ainsi 27 ans pour une branche de 35 cm; 22 ans pour 32 cm; 20 ans pour 17 cm; 18 ans pour 10 cm; 7 ans pour 5 cm et 2 ans pour une pousse de 2 cm, ce qui donne une croissance moyenne de 1,3 cm légèrement supérieure à celle trouvée précédemment. La courbe en trait gras du graphique (fig. N°3), établie à partir de 65 mesures provenant d’autres individus, montre des croissances nettement plus faibles puisque la moyenne de ces croissances annuelles oscille autour de 0,8 cm. D’autres mesures devront être faites pour voir si ces différences sont dues soit aux méthodes d’estimation de l’âge et des croissances, soit au contraire à des différences individuelles ou à des conditions écologiques particulières.

figtrois

Pour deux autres plantes nous avons pu également étudier les croissances annuelles : Daphnae cneorum et Juniperus nana.

Grâce aux cicatrices foliaires extrêmement bien visibles sur Daphnae cneorum, on peut arriver à distinguer la croissance des dix dernières années sur un même rameau; 61 mesures ont été faites : elles donnent une moyenne de 2,4 cm par an avec un minimum de 16 mm et un maximum de 30 mm. La valeur pour 1953 est faible par la suite de la date de la cueillette de l’échantillon (au début de l’été), la croissance n’étant pas encore terminée pour l’année. Des estimations de l’âge de certains rameaux montrent, ordinairement, des croissances analogues. C’est ainsi qu’une tige de 34 cm de long avait 18 ans; de 31 cm, 17 ans; de 29 cm, 10 ans; de 26 cm, 7 ans et de 16 cm, 6 ans. Les traces foliaires du Juniperus nana sont beaucoup moins visibles et l’on ne peut évaluer les croissances annuelles que sur six années consécutives; 60 mesures ont été faites donnant en moyenne 1,9 cm de croissance annuelle; cette croissance semble plus régulière puisque les moyennes annuelles des croissances ne varient qu’entre 2,2 cm et 1,7 cm (en laissantg de côté la valeur de la croissance de 1953). Sur une branche de 1,1 cm de diamètre et de 55 cm de long on a pu compter 22 anneaux concentriques, alors que pour une branche de 45 cm et de 7 mm de diamètre, l’âge n’est plus que de 14 ans.

La longueur et l’âge de 13 rameaux d‘Arctostaphylos alpina ont été déterminés et comparés. Les résultats indiquent une croissance d’environ 1 cm par an, certaines branches poussant plus rapidement que d’autres (40 cm : 35 ans – 21 cm : 18 ans) ou plus lentement (20 cm : 26 ans – 18 cm : 29 ans); en moyenne on peut donc dire que pour cette plante l’âge d’un rameau est égal à son nombre de centimètres.

De même pour Rhamnus alpina la croissance semble n’être que d’un centimètre par an puisque l’on a pour une longueur de 14 cm des rameaux de 13 ans d’âge. Une détermination de l’âge d’un rameau de Sorbus chamaemespilus donne 15 ans pour un rameau de 25 cm, ce qui correspond à une croissance d’environ 1,5 cm par an.

Une étude assez poussée a été faite sur plusieurs échantillons de Globularia nana. Il est toujours très difficile de récolter de longs rameaux car l’on constate qu’au bout d’un certain nombre d’années les parties les plus anciennes des vielles branches se délitent peu à peu. Le dessin (fig. N°4) donne l’aspect général du fragment étudié avec l’emplacement des coupes, le fond hachuré correspond à l’enchevêtrement de toutes les petites tiges, extrêmement contournées, entrelacées les unes avec les autres et garnies de feuilles; certains détails pour des parties terminales, sont seuls figurés. La base de ce rameau (7 cm de long) permet de voir cependant : 42 couches très nettes, une quinzaines peu nécrosées et environ 15 autres très nécrosées, ce qui oblige à donner à cette branche 72 ans d’âge au minimum. Sur cette première coupe (fig. N° 5A) on voit que la croissance s’est faite uniquement sur un côté du cylindre central et que ce n’est qu’un seul segment de l’assise libéro-ligneuse qui a donné assez régulièrement de nouveaux tissus, mais il n’est pas du tpout prouvé que la partie la plus ancienne, où les tissus sont les plus nécrosés, est le cylindre central primitif; cela peut très bien n’être qu’une petite partie d’une ancienne assise génératrice comme cela se voit sur la deuxième coupe (fig. N°5B) qui correspond à une branche de 50 ans environ (4,1 cm). Sur cette branche, la croissance qui s’était faite régulièrement suivant un arc de cercle de plus en plus large s’est arrêtée en son milieu et de chaque côté la croissance a continué de plus belle; c’est ainsi que l’on compte 10 ans de tissus sains et environ 40 ans de tissus qui sont déjà en passe de se décomposer. La figure schématique N°6 montre la coupe d’une tige de 13 ans (7 mm de long) avec son écorce très abondante possédant des parties lignifiées qui s’exfolient peu à peu.

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Les plantes que nous venons d’examiner avaient des parties aériennes pérennantes et c’est sur ces organes que l’âge a pu être déterminé; tout au contraire les trois plantes qui nous restent à étudier ici ont des organes aériens très fugitifs et c’est sur les parties souterraines que nous pourrons compter leur âge, l’on est en effet en présence d’hémicryptophytes.

L’Aster alpinus possède un ensemble de tiges légèrement obliques dans le sol et ramifiées; la plante ayant environ une quinzaine de rosettes foliaires d’où partent des hampes florales de 15 cm de haut environ; quand on recherche l’âge de ces tiges souterraines on arrive à une quinzaine d’années pour environ 9 cm de long et c’est ainsi que l’on a 14 ans pour une tige de 8 cm; 11 ans pour 7 cm; 8 ans pour une tige de 4,5 cm.

L’Helianthemum canum a le même type d’organes souterrains; mais il semble que la croissance, toujours faible, soit assez variable d’un pied à l’autre puisque nous avons pu trouver : 23 ans pour une tige souterraine de 7 cm de long et d’autre part 19 ans seulement pour une autre tige de 11 cm. Cela donne respectivement des croissances annuelles, soit de 3 mm, soit de 5,7 mm !

Trois mesures ont été effectuées sur les rhizomes de Globularia cordifolia dont certains auteurs font dériver G. nana (simple variété) alors qu’il faut à notre avis la considérer comme une bonne espèce. Là le type d’organes souterrains est un peu différent puisque les tiges souterraines des espèces précédentes partaient toutes d’un pivot central, plus ou moins bien conservé mais visible alors que là l’on est en présence que d’un lacis de rhizomes entrelacés qui se ramifient en tous sens; des mesures de croissance indiquent environ un allongement annuel de trois millimètre, longueur que l’on retrouve entre les cicatrices des différentes rosettes foliaires. L’âge évalué sur trois échantillons donne comme valeurs 14 ans pour un rhizome de 8 cm; 11 ans pour 7 cm et 8 ans pour 4,5 cm.

Ces quelques résultats confirment ceux qui avaient été publiés antérieurement : aux environs de 2000 m la croissance des plantes alpines est extrêmement faible et, par suite, leur développement très réduit. Chouard avait déjà montré que les éboulis, dans la région des Pyrénées centrales, se colonisaient à la vitesse de 1 cm par an; l’un de nous a trouvé semblable progression dans la haute vallée d’Ossau. Cela pose un problème très grave ce qui concerne la recolonisation des surfaces errodées, par exemple autour des travaux de construction des grands barrages.

Ceci oblige nécessairement à « aider la nature » si nous voulons un jour revoir ces dévastations en partie masquées ! Ne pourrait-on pas, par exemple,créer des services compétents auprès des grandes entreprises afin de leur donner des directives nécessaires pour les aider à amorcer, par des plantes adéquates, la recolonisation des surfaces mises à nu.

Conservations et semis des plantes alpines

Cet article est paru dans le bulletin SAJA  de 1958 Tome II – N° 27 – 7e Année

Mlle M. HEKLOVA

Nous connaissons, pour augmenter le nombre d’individus de nos plantes alpines, deux procédés : la multiplication végétative (asexuée) suivant ses différentes méthodes (division de souche, marcottage, bouturage de rameaux, de feuilles ou même de racine) et le semi, employé le plus généralement par la nature.

La plupart des végétaux supérieurs produisent, après fécondation, des graines fertiles qui sont dispersées par le vent, les insectes, etc. Une partie de ces graines arrivent au sol, et y trouvant des conditions favorables, germent et donnent naissance à une nouvelle plante ayant généralement les mêmes caractères que ses parents.

Le transfert fidèle des caractères de la plante mère aux plantes filles s’effectue, le plus souvent, par les semences recoltées sur des plantes sauvages, dans leurs stations naturelles. Dans les jardins d’agrément et jardins botaniques où les nécessités de la décoration, de l’enseignement ou de la recherche obligent à réunir, sur un espace restreint, diverses espèces d’un même genre ayant des origines géographiques différentes, on observe parfois des variations notables dues à l’hybridation entre certaines plantes ainsi rapprochées (1).

Par exemple, plusieurs espèces de Dianthus plantées à peu de distance les uns des autres donneront de nombreuses graines hybrides; il en sera de même si l’on rapproche des Aquilegia. Ainsi, par ces cultures, les jardiniers multiplient les possibilités de croisements naturels en cultivant côte à côte des plantes qui, dans la nature, ne vivent pas au voisinage les unes des autres. Ces rapprochements d’espèces ont souvent permis aux horticulteurs d’obtenir une multitude de variétés nouvelles, plus décoratives que les espèces sauvages, qui leur ont servi de géniteurs. L’exemple des Saxifrages de la section Kabschia, très travaillées dans les « nurseries » spécialisées d’Angleterre, est particulièrement démonstratif. On ne doit donc pas employer le semis pour reproduire, semblables à elles-mêmes, des plantes horticoles d’origines hybride, les caractères n’étant pas fixés.

Par contre, si l’on n’a plus pour but de créer une collection scientifique, mais si l’on cherche à obtenir des plantes jeunes, vigoureuses et abondantes pour meubler rapidement un jardin de rocailles ou composer des masses décoratives au jardin paysager, le semis devient très précieux.

(1) Ce fait peut faire douter de l’exactitude de la nomination des semences récoltées dans certains jardins dont la réputation est cependant indispensable.

Récolte et conservation des graines

Une graine est un végétal vivant à l’état embryonnaire susceptible de conserver longtemps ou de perdre rapidement ses facultés de développement futures selon que les conditions de milieux, durant la conservation, sont favorables ou défavorables. Il faut se convaincre que la graine reste fragile et vulnérable depuis le moment de la récolte jusqu’à la germination : ainsi une cause importante d’échecs lors des semis sera éliminée.

La récolte des semences de plantes alpines est toujours délicate. On doit l’effectuer par temps sec, condition peu souvent réalisée au cours d’une longue excursion en montagne; il faut donc sécher fruits et graines dès le retour à l’aide de papier buvard, ouate, etc., et ne jamais enfouir définitivement les récoltes dans des sachets plus ou moins imperméables où se développeraient des moisissures. Ensuite étaler la récolte au soleil pendant quelques heures ou, tout au moins, laisser les sachets ouverts à leur extrémité superieure, dans un lieu très aéré; les fruits charnus (baies, drupes) exigent une dessiccation prolongée et une surveillance attentive. Les semences parasitées ou n’ayant pas atteint leur maturité complète seront éliminées. L’état de maturité est difficile à apprécier, cependant on peut admettre que, d’une façon presque générale, les fruits mûrs ont perdu leur teinte verte initiale et se colorent en jaune, brun ou gris, souvent en jaune, rouge ou noir s’ils possèdent une enveloppe charnue. Ce changement de teinte traduit nettement la phase finale du développement des fruits et par suite des semences qui, au cours des dernières semaines, ont accumulé des réserves suffisantes dans leurs tissu.

Il est souvent recommandé de conserver les graines des fruits déhiscents dans leurs gousses, capsules ou siliques; il semble que ce soit à tort. En effet, dans la nature, ces fruits laissent échapper leurs graines à complète maturité; d’autre part, la majorité des graines se trouvent libérées au bout de très peu de temps, au fond des sacs de récolte.

Dans les fruitsindéhiscents (achaines, caryopses), fruits et graines restent unis. Pour les fruits charnus, un séchage lent et progressif dans des petites boîtes de carton s’impose; la pulpe desséchée protège la graine qu’il est inutile et même nuisible de mettre à nu.

On a parfois conseillé le séchage des semences par une source de chaleur, four éléctrique par exemple. Cette opération, fort délicate, exige une surveillance constante et risque d’altérer la faculté germinative des graines, faculté qui ne résisterait pas à une température trop élevée et pour certaines graines à une dessiccation trop poussée. De plus, les enveloppes externes deviennent dures et cassantes, imperméables à l’eau (donc la germination se trouve retardée) et ne sont détruites par les microorganismes qu’après un temps assez long, ce qui ne gêne la sortie de la jeune plantule.

Dans la nature, les semences des plantes alpines ne se trouvent jamais totalement desséchées; elles s’accumulent dans les anfractuosités de rochers, dans les alpages herbeux, dans les combes à neiges où elles trouvent un humus perméable et frais.

Dès que le séchage a éliminé l’excès d’humidité, il faut placer les graines dans un local à température assez basse qui entretiendra l’état de vie ralentie jusqu’au moment du semis. Certains procédés, pour augmenter la durée de conservation du pouvoir germinatif, exigent des techniques délicates : conservation dans l’azote, dans le gaz carbonique; conservation par le froid, de préférence entre 0 et – 15°C. Seuls les grands établissements spécialisés peuvent utiliser ces méthodes. Toutefois, on peut en tirer une remarque importante et utile : la nécessité de soustraire les semences aux variations des facteurs exterieurs, principalement de la température et de l’état hygrométrique de l’air.

Pour conserver les semences dans les meilleures conditions, nous conseillons de suivre la méthode suivante : aprés séchage à l’air libre, les placer dans de petits sachets de papier soigneusement étiquetés et conserver ces sachets à l’obscurité, à l’abri des variations de température ou d’humidité. Si les graines sont très précieuses, préparer des tubes de verre, de métal ou de matière plastique, introduire au fond de ces tubes un peu de chlorure de calcium anhydre ou mieux un gel de silice qui assureront une déshydratation parfaite; au-dessus, poser un léger tampon de buvard ou d’ouate, puis placer les sachets de papier contenant les graines; enfin, fermer les tubes hermétiquement et les conserver à l’abri des variations importantes de température, par exemple dans un sous-sol ou une cave saine (2).

(2) N.D.L.D. – De bon résultats sont aussi obtenus en conservant les semences au préalable bien séchées dans des sachets thermo-soudables en feuilles métalliques ou en polyéthylène épais. Les sachets sont soudés et mis dans un local frais ou froid (de + 5° à 0°C.)

Semis

Epoques : 

Les semis s’effectuent : 

1) A l’automne et plus précisément en septembre-octobre, avant l’arrivée des mauvais jours;

2) A la fin de l’hiver, en février-mars.

Les semis plus tardifs (avril-mai) sont à déconseiller, sauf en cas de nécessité absolue, car l’évolution normale des jeunes plantules risque de souffrir des variations parfois considérables de température et de l’action desséchante des vents du Nord, souvent prolongés à cette saison.

Il a été souvent mentionné que l’enneigement des semis d’automne favorisait la germination des semences, mais aucune expérience n’a été conduite avec une rigueur scientifique suffisante pour permettre une conclusion définitive et donner une explication valable de ce fait. Citons, à ce sujet, une expérience rapportée dans la revue de l’ « Alpine-Garden Society » (1953), comparant les levées de semences de Gentiana verna, Phyteuma comosum et Androsace pyrenaica mises à germer sous différentes conditions : 

1) Sous abri :

    a) en serre alpine (avec gel mais sans neige) : bonne levée des graines en mars; 

    b) en serre chauffée électriquement, avec un minimum de 5° C (sans neige, ni gel) : bonne levée des graines en mars.

2) Sans abri : 

    a) en châssis découvert (deux ou trois recouvrements de neige dans le saison) :  mauvais résultats, sauf pour Gentiana verna;

    b) en plein air (deux ou trois recouvrements de neige dans la saison) : mauvais résultats, sauf pour Gentiana verna.

Opérations relatives au semis  :

Ce sont les méthodes employées ordinairement en horticulture. Utiliser des récipients à fond plat – terrines carrées de préférence ou de simples caissettes de bois – de dimensions telles qu’elles puissent être, sans efforts, transportées facilement (40 X 25 X 7,8 cm par exemple). Le fond de chaque terrine ou caissette sera perforé de trous nombreux que l’on recouvrira de fragments de pots cassés, puis d’un lit  de graviers bien lavés au-dessus duquel on mettra 5 cm de terreau. Ne pas remplir la terrine jusqu’au bord : réserver, à la partie supérieure, pour l’arrosage, une hauteur libre d’environ 1 cm.

Le terreau doit être léger, perméable, autant que possible neutre ou légèrement acide. Il sera constitué, par exemple : 

   – par un tier de sable cristallin de rivière.

   – un tier de terreau de feuille bien décomposé, 

   – un tier de terre franche siliceuse.

On peut fragmenter la surface à semer à l’aide d’étroites planchettes localisant les graines d’éspeces différentes mais exigeant des arrosages identiques. Bien entendu, il serait fâcheux de semer dans la même terrine des espèces dont l’époque de germination se trouverait trop éloignée dans le temps. Par exemple, on conçoit la cohabitation de plusieurs Iris, Lilium ou Scilla, mais il faudra éviter de placer côte à côte : Dianthus alpinus, Lilium martagon, Mentha requieni et Onosma stellulatum, plante ayant des exigences parfaitement opposées.

Le semis effectué, recouvrir les graines d’une faible épaisseur d’un  mélange de terreau et de sable fin, proportionnellement à leur grosseur, puis tasser legèrement et ne pas oublier d’étiqueter en mettant, soit le nom de l’espèce, soit un numéro se repportant à un répertoire. Effectuer le premier arrosage par imbibition des récipients afin que la répartition des graines ne soit pas troublée. Placer ensuite terrines ou caissettes en serre ou sous châssis garnis de sable fin dans lequel on les enfoncera presque totalement. Les récipients contenant les espèces les plus délicates seront mis à part et recouverts d’une feuille de verre protectrice. Ne pas oublier d’ombrer à l’aide de claies et surveiller l’état du terreau : il ne doit jamais se dessécher complètement. Enfin, quelques arrosages à pomme fine et bassinages en fin de journée assureront la permanence de l’état hygrométrique favorable à une bonne germination.

Gentiana cruciata