Alain Denis
Cet article est paru dans le bulletin Tome XIII – N°206 – 52ème année
Par ce petit article je viens vous faire part de ma récente passion pour ces plantes que sont les Corydales mais dont curieusement on ne parle pas très souvent. Vous les connaissez pour avoir peut-être vu le plus commun de tous, Corydalis lutea poussant sur les vieux murs aussi bien au soleil qu’à l’ombre ou pour avoir admiré les photos de C. cashmeriana dans des ouvrages spécialisés.
Le genre Corydalis est un genre magnifique d’environ 550 espèces de la famille des Papavéracées, magnifique à plus d’un titre, tout d’abord par la diversité des couleurs de ses fleurs qui vont du blanc au jaune en passant par le rosé, le violet, le rouge, le bleu, des couleurs panachées, ensuite, par son feuillage dont les tons varient du vert au bleuté en passant par le vert violacé aux feuilles finement divisées ou trilobées, ressemblant même parfois à celles des Aquilegia. Les Corydales sont des plantes magiques; belles, au port léger, les fleurs gracieuses semblant posées sur les tiges, les éperons droits ou vrillés, recourbés vers le haut ou le bas. Certaines ont une floraison de plusieurs mois, au soleil, d’autres à l’ombre. Elles peuvent former des plantes basses de 5 à 10 cm ou atteindre 60 cm. Enfin, sous terre, leur forme est des plus variées; rhizomateuse à racines fibreuses ou écailleuses, tubéreuses, bulbeuses. Elles ont pour origine la Chine, le Népal, le Bouthan, le Cachemire, le Tibet, le Pakistan, l’Afghanistan, l’Iran, le Tadjikistan, le Kirghizistan, la Turquie, la Grèce et quelques autres pays d’Europe où elles se sont naturalisées, notament C. solida.
Leur culture n’est pas difficile pour la plupart, même pour la plus précieuse d’entre toutes et la plus connue des collectionneurs : Corydalis cashmeriana d’un bleu si royal, à condition cependant de leur faire bénéficier d’une protection aux trop fortes pluies hivernales et d’un bon drainage. L’origine essentiellement montagnarde de ces plantes leur permet de supporter des températures extrêmement basses. Certaines corydales, en effet, battent des records en poussant à des altitudes très élevées, comme C. latiflora (5000 m ) ou C. hendersonii (6300 m ) qui se multiplient par pollinisation des abeilles. Le semis est assez facile (les corydales produisent de très nombreuses graines) mais si vous voulez le réussir, semez en surface et ne couvrez pas les graines. La multiplication est aisée chez certaines espèces dont vous pouvez couper délicatement quelques éclats tels Corydalis flexuosa, C. davidii, C. elata, C. degensia, C. stenantha, C. kiautschouensis, etc., qui donneront une nouvelle plante très rapidement. Quelques-unes développent des rejets ressemblant à des grandes écailles comme Corydalis leptocarpa de couleur jaune. La floraison de ces plantes est très généreuse, elle varie de mars à mai ou juin mais peut se prolonger jusqu’au cœur de l’hiver avec une pause de 1, 2 ou 3 mois entre juin et août. N’hésitez pas à cultiver ces plantes aux floraisons si longues, à la beauté étrange, élégante, et dans l’ensemble, peu exigeantes. Les listes de graines proposent généralement entre 5 et 20 espèces. Pour ma part, j’en cultive 9 espèces dans mes rocailles, 11 autres sont en semis et 15 me sont parvenues de Chine il y a deux semaines environ, après 4 jours de voyage par courrier rapide. Certaines ne sont pas répertoriées (ou pas encore) dans le magnifique livre de Magnus Lidén et Henrik Zetterlund intitulé » Corydalis a gardener’s guide and a monograph of the tuberous species » édité par l’Alpine Garden Society et qui comporte de superbes photographies couleur.
Les plantes que l’on peut se procurer assez facilement sous forme de graines sont : Corydalis diphylla, C. ochroleuca, C. cheilanthifolius, C. wilsonii, C. petrophila, C. sempervirens, C. cava, C. malkensis, C. scouleri, C. ochotensis, et quelques autres. Certaines pépinières notamment anglaises et néerlandaises proposent des bulbes ou des plantes en pots tels : Corydalis buschii, C. bracteata, C. glaucescens, C. schanginii, C. henrikii, C. popovii, C. turtschaninovii, C. cashmeriana, C. wendelboi ainsi qu’un grand nombre d variétés de Corydalis solida. Evidement les prix sont à la mesure de leur rareté, c’est-à-dire très chers. Un petit conseil : si vous possédez internet, tapez donc : corydalis et vous verrez ! Rendez-vous à la fin de l’année pour un catalogue de graines enrichi de nouvelles espèces qui pourrons être offertes à la prochaine foire aux plantules.